2017Académie d'ArchitectureInstallation à l'Académie d'Architecture - Paris
2014Equerre d’Argent 2014Prix Culture, Jeunesse et Sport : Amicale Laïque Chapelon - Saint-Étienne
2012LausanneCréation de l’agence Joud et Vergély Architectes
2010Equerre d’Argent 2010Projet nommé : 39 logements et 4 ateliers - Lyon Confluence
2010Biennale de VeniseMetropolis - Projets d'agence
2004NAJAMinistère de la Culture et de la Communication : Lauréat des Nouveaux Albums des Jeunes Architectes 2004
2000LyonCréation de l’agence Clément Vergély Architectes
1994EPFLEcole Polytechnique Fédérale de Lausanne : atelier Luigi Snozzi

Paulo Mendes de Rocha,
Casa butanta, Brésil, 1966

 

 

Parmi les multiples « images narratives » qui tapissent l’un des tableaux mis en scène par Clément Vergély et Christophe Joud dans le cadre de l’exposition qui leur est consacrée à la galerie d’architecture de Paris, deux photos ont particulièrement attiré mon attention : l’une capte une grille structurelle en béton « brut » recouvrant un espace éclairé par une grande ouverture horizontale qui cadre une nature tropicale ; dans l’autre, l’objectif du photographe fixe un espace porté à nouveau par une structure de poutres croisées et recouvert au sol de carreaux de céramique. Ces deux références émanent de l’architecture brésilienne du second après – guerre, une architecture pour laquelle les architectes ont montré, ces dernières années, un regain d’intérêt notoire.

La première photo correspond en tous points à la définition courante de ce type d’architecture : une version « exotique » de la modernité architecturale, « contaminée » souvent par les ressources plastiques du paysage naturel et qui accorde la primauté à l’expression des formes pures, tout en jouant d’effets contrastés avec la végétation luxuriante. L’architecture est élémentaire et radicale, réduite ici à l’expression de la structure à l’état brut et d’un pan vitré en longueur dont les montants sont réduits à l’essentiel, accentuant la transparence et la vision vers l’extérieur.

Paulo Mendes de Rocha,
Casa Masetti, Sao Paulo, Brésil, 1968

 

 

Par contraste, la deuxième image suscite des sentiments partagés. On hésite : s’agit – il d’un espace intérieur ou extérieur ? Le cliché a – t – il été pris dans un lieu institutionnel ou plutôt dans un espace de nature domestique comme pourrait le suggérer le dessin arabesque des « azulejos » qui revêtent le plancher ? Le trouble découle de la juxtaposition apparemment paradoxale de deux valeurs distinctes, d’un côté la structure qui dénote une forme de modernité constructive et, de l’autre, la céramique au sol qui nous fait dériver vers des souvenirs de lieux historiques et des gestes de la vie quotidienne.

Une « radicalité familière »
Cette image illustre ce que j’appellerai une « radicalité familière », une notion qu’on peut rapporter à la production de Clément Vergély. « Radicalité familière » : dans plusieurs projets, la radicalité ressort de l’utilisation de formes pures ou prismatiques avec, notamment, l’expression de résilles structurelles qui créent une figure spécifique, la grille. Rosalind Krauss considère, à juste titre, que la grille est un « emblème de la modernité » car elle promeut le silence par son absence de hiérarchie et de centre. Certes, structurelle et non rhétorique, la grille accorde pourtant à ces objets une ornementation figurative, atténuant l’expression de monumentalité en rendant en quelque sorte « familière » la radicalité de la forme originelle.

 

Bruno MARCHAND
Diplômé architecte Epfl en 1980, Bruno Marchand obtient le titre de docteur ès science en 1992. Professeur ordinaire de Théorie de l’architecture de la Faculté ENAC, EPFL, il y dirige également le Laboratoire de Théorie et d’Histoire (LTH2)